Renault Clio 1.5 dCi 65 VS Opel Corsa 1.7 Di : citadines sous pression

Les citadines élargissent leurs compétences. Pendant longtemps cantonnées dans leur rôle de voiture du bas de l'échelle, elles doivent désormais proposer une homogénéité sans faille. L'évolution des moteurs Diesel en est certainement l'aspect le plus spectaculaire.
FACE-À-FACE.

Longtemps, les petites citadines ont dû se contenter de moteurs Diesel peu engageants. L'avènement de l'injection directe à rampe commune leur permet désormais de lorgner vers un agrément de conduite nouveau. A l'image de la Clio dCi qui n'a décidément rien à envier aux grandes, et qui rend la haute technologie beaucoup plus abordable que la Volkswagen Lupo 3L au prix indécent. Face à la Renault, une Opel moins évoluée comptant sur l'ancienne méthode du moteur atmosphérique de forte cylindrée.

La technologie de pointe s'invite à bord des petites citadines. Le nouveau moteur 1.5 dCi de la Clio s'équipe, en effet, des dernières évolutions en matière de diesel. Après le « simple » common rail, voici sa définition sphérique, avec, à la clé, encore plus de puissance, plus d'agrément d'utilisation, et une consommation toujours à la baisse.

Cette faible cylindrée fournit 65 ch pour un couple de 160 Nm et une consommation mixte de 5,4 l pour 100 km. On est loin de la Clio 1.9 D de même puissance, mais avec 40 Nm de couple en moins et ingurgitant 1,4 l de gazole en plus.

D'autant que, avec cette nouvelle motorisation, la Clio gagne en qualité de vie : le 1.5 dCi est exempt de vibrations et d'une remarquable discrétion. Son caractère monocorde incite à l'utiliser à bas régime, à évoluer sur le couple. Dans ce cas, les performances ne sont pas foudroyantes, mais l'agrément de conduite est indéniable. La vitesse de pointe permet cependant d'envisager sans complexe des trajets au long cours. A vitesse raisonnable, la Clio se transforme en coureuse de fond : consommations basses et réserve de 50 l.

La Corsa n'a pas eu droit à autant d'attention. Son moteur 1.7 Di n'est pas aussi innovant. Mais, malgré un couple inférieur pour une puissance égale, la Corsa est plus dynamique. Le moteur, pas très souple à bas régime, fait preuve de caractère passé le cap des 2 000 tr/min. Un effet turbo étonnant pour ce Diesel atmosphérique qui augmente la sensation d'efficacité. La Corsa se conduit comme une petite sportive, sonorité rauque trop présente en prime. Côté consommation, l'Opel n'a pas trop à rougir. Elle consomme plus qu'une Clio, mais très raisonnablement.

Le caractère enjoué de la Corsa incite à se faufiler dans le flot urbain. La maniabilité de la direction assistée électrique est un régal en ville. Mais elle manque cruellement de centrage sur route, obligeant sans cesse à corriger la trajectoire, même en ligne droite. Le comportement routier est satisfaisant à condition de ne pas croiser des « gendarmes couchés » ou des pavés. Les suspensions réagissent très sèchement sur les irrégularités, engendrant un confort et une tenue de cap très moyens. Mais, même si elle manque d'efficacité, la Corsa est une citadine saine en usage routier. Le freinage n'est pas très engageant, il manque de mordant. Pour en tirer un bon résultat, il ne faut pas hésiter à appuyer sur la pédale, d'autant que l'ABS veille au grain.

Moins expansive, la Clio fait son bonhomme de chemin dans le calme et l'indifférence. Les accélérations sont douces, la suspension oublie de signaler les irrégularités. Le confort est très satisfaisant pour une voiture de cette catégorie, à l'image de sa tenue de route.

Sécurisante par sa neutralité en virage et par sa tenue de cap à haute vitesse, la Renault l'est aussi par son système d'aide au freinage d'urgence très efficace. Utilisant, elle aussi, une direction à assistance variable électrique, la Clio joue la carte de la maniabilité en ville. Mais, à l'inverse de la Corsa, elle montre trop d'obstination sur route : lui faire quitter la ligne droite demande trop d'efforts.

L'adoption d'une motorisation moderne liée aux qualités structurelles de la Clio lui permet de composer avec un habitacle calme et confortable. Désormais dotée d'une nouvelle planche de bord gracieuse, la petite française gagne, également, en qualité de fabrication et de finition. Les plastiques sont de bonne qualité, et l'agencement est sans défaut. Les passagers à l'avant profitent de l'habitabilité satisfaisante et du bon maintien latéral des sièges. Le conducteur dispose en outre d'un siège et d'un volant réglables en hauteur. A l'arrière, le constat est moins favorable. Le dessin de la carrosserie ne permet pas de dégager une bonne garde au toit, quant à l'espace aux genoux, il est tout aussi moyen.

Pas de soucis de ce côté pour l'Opel. Garde au toit, espace aux genoux, espace aux coudes, la Corsa bénéficie de cotes intérieures supérieures. A défaut d'être une confortable cinq places, elle propose tout de même assez d'espace arrière pour que deux adultes trouvent leur place, sans pour cela rogner sur la capacité du coffre, similaire à celui d'une Clio, ou sur les places avant très convenables. Une habitabilité sans faille pour une voiture de cette catégorie, quelque peu troublée par un confort de suspension et une insonorisation moyenne.

Pour le reste, la Corsa met en exergue sa conception germanique. La sellerie est rigide ; les plastiques de la planche de bord, également ; et les couleurs employées, dénuées de gaieté. Une réalisation sans fioritures, mais bien finie.

La finition haut de gamme Expression de la Clio se retrouve face au milieu de gamme Comfort de la Corsa. Plus chère de près de 3 000 F, la Renault est aussi mieux équipée. Dans les grandes lignes, les deux partagent airbags frontaux, ABS, vitres avant électriques, condamnation centralisée à distance, banquette rabattable 1/3 2/3 et autoradio lecteur de cassettes. Mais, lorsque l'on choisit une Expression, on a droit aux airbags latéraux, aux phares antibrouillard, à l'airbag passager déconnectable, aux rétroviseurs extérieurs électriques et dégivrants.

Il faut ajouter 4 000 F à l'Opel pour parvenir au même niveau. En définitive, la Corsa est plus chère de 1 000 F. Oui, il faudra s'y faire, les petites françaises se sont alignées sur la concurrence en termes d'équipement et de tarif.

La nouvelle Clio a gagné en maturité. Finition soignée, style aguicheur, équipement complet et prix concurrentiel viennent s'ajouter aux qualités routières de la française. Mais cette nouvelle venue inaugure également l'entrée de la haute technologie dans ce segment, la rampe commune sphérique. Un avantage indéniable dans une voiture de cette taille tant il apporte douceur de conduite, qualité de vie à bord et consommation réduite. Face à cela, la Corsa ne peut répondre que par son caractère enjoué et, surtout, par son imposante habitabilité.